Egypte Ancienne a deux ans. L’an dernier, pour célébrer la fin de la première année du magazine, nous avions consacré tout un numéro hors série à l’immense patrimoine architectural et archéologique que la civilisation égyptienne antique a légué à l’Humanité. Assez rapidement, il nous est apparu qu’un magazine entier allait être tout juste suffisant pour survoler rapidement les sites les plus célèbres et que nous allions devoir laisser sous silence une multitude de choses moins connues du grand public, mais tout aussi intéressantes sur les plans historique et religieux qu’esthétique et architectural. Il en va souvent ainsi avec l’Egypte ancienne : ce n’est pas en quelques pages que l’on peut restituer toute la complexité du sujet. Aussi, nous ne prétendons pas le couvrir de façon exhaustive : notre objectif est plutôt de faire un peu rêver nos lecteurs, de leur donner envie d’en savoir d’avantage et surtout, de se rendre sur place pour qu’ils ressentent eux-mêmes le choc d’être physiquement confronté à toutes ses ruines magnifiques.
Ces incroyables constructions qui sont pour la plupart parvenues à traverser le temps sont le produit d’une exceptionnelle civilisation de bâtisseurs qui consacrait toute son énergie et son intelligence à construire pour le sacré. Notre sens des réalités actuel a du mal à comprendre comment tout un peuple pouvait être uni dans l’effort et consacrer sa vie à ériger un édifice aussi monumental qu’inutile qu’une pyramide. On risque de l’interpréter comme une manifestation du despotisme et de la mégalomanie des pharaons. Mais pour l’Egyptien ancien, cet homme simple qui percevait la présence du divin dans le Nil nourricier qui irriguait ses champs et dans le soleil qui passait à la verticale au-dessus de lui, prodiguant à la terre et aux hommes sa lumière génératrice et bienfaisante, le sacré était absolument essentiel. C’était grâce aux dieux que l’Egypte était l’Egypte, riche, prospère et heureuse : tous les ans, ils envoyaient la crue, qui irriguait les champs et déposait ce limon noir fertile qui a donné son nom au pays, Kemet.
Garants de l’équilibre cosmique, les dieux sont représentés sur Terre par un homme désigné pour guider les autres hommes : Pharaon. Bien plus qu’un roi ordinaire, c’est un homme qui remplit des fonctions de nature divine. Sa personne est sacrée et après sa mort, il devient un dieu. Quoi de plus normal qu’on lui construise un somptueux monument pour abriter sa dépouille mortelle et permettre à son âme immortelle de rejoindre les autres dieux dans le ciel ? L’Egypte ancienne est indissociable de l’institution pharaonique ; elle lui doit cette spécificité qui nous enchante tant, mais aussi son extraordinaire stabilité politique : environ trois millénaires. Pour ce second numéro hors série, c’est cette institution si particulière que nous vous proposons de mieux connaître, connaissance indispensable pour appréhender la civilisation égyptienne dans sa globalité. On estime qu’environ 200 pharaons ont régné sur l’Egypte. Quelques uns sont illustres tandis que d’autres nous sont encore très mal connus. Nous vous en présentons quelques uns, afin d’illustrer quelles personnalités importantes ont marqué les grandes périodes de l’histoire égyptienne antique.
Pharaon, le mot lui-même est mystérieux … Nous espérons qu’à l’issue de la lecture de ce numéro, il le sera un peu moins pour vous.
Bonne lecture !